Hôtel de ville et centre culturel de Ridderkerk

Depuis le début de sa carrière, Charles Vandenhove a eu l’occasion de répondre à des commandes d’une grande variété, touchant aux logements, aux bâtiments commerciaux ou aux infrastructures publiques qu’elles soient culturelles (musées, théâtres…) ou administratives (bureaux, palais de justice). Le projet de Ridderkerk conduit l’architecte liégeois sur un nouveau programme, celui de l’hôtel de ville. Généralement envisagé comme véritable repère urbain, l’hôtel de ville symbolise l’autonomie mais également l’autorité communale et ce depuis le Moyen-Âge. La commande est donc éminemment chargée de sens pour cette petite ville de près de 50 000 habitants située au sud de Rotterdam. La construction d’un nouvel hôtel de ville est décidée afin de remplacer l’ancien bâtiment datant de la fin des années 1970 qui n’est pas démoli mais est rénové par Vandenhove en 2005. Le nouvel édifice s’inscrit dans le nouveau masterplan de la ville et prend pied au bord d’une grande place ovale dont la forme n’est pas sans rappeler celle de l’espace où est installée la Singelkerk, église historique de la ville. Les deux pouvoirs historiques se répondent sans toutefois se voir. Le complexe inclut des bureaux et des salles de réunion pour les autorités et les services administratifs mais porte également une ambition culturelle en réunissant une salle de théâtre, une école de musique et plusieurs locaux mis à disposition du monde associatif local. Très logiquement, le hall sert de séparation entre les deux fonctions. La façade principale, en briques jaunes, épouse la courbure de la place et se développe sur trois étages principaux. À l’instar de plusieurs projets intérieurs comme De Zieken à La Haye ou Catharinahuis à Eindhoven, Vandenhove reprend le principe de la colonnade qui produit une porosité entre l’intérieur et l’extérieur. Aux extrémités, deux ailes adoptent la même matérialité et le même rythme des pleins et des vides. De l’autre côté, vers la Kaas Katerstraat, le langage se distingue avec une dominante de baies vitrées qui marquent une aile de deux niveaux. Dans les aménagements intérieurs, on retrouve certains « codes » de l’architecte liégeois. La vérité structurelle de l’édifice est, ici, marquée non pas par des colonnes mais par des piliers combinant briques jaunes et béton. La commande inclut également la participation de nombreux artistes parmi lesquels Luc Tuymans, Patrick Corillon, Jean-Pierre Pincemin ou Léon Wuidar. Fait singulier, l’intégration d’œuvres d’art ne se limite pas à une approche contemporaine, Vandenhove reproduisant des œuvres de Botticelli et Piranèse. À l’instar de nombreux autres projets, l’architecte intervient également dans l’espace public en dessinant deux mâts majestueux qui ponctuent la place et signalent le nouvel hôtel de ville.

Artistes invités : Alessandro Botticelli, Patrick Corillon, Jean-Pierre Pincemin, Giovanni Battista Piranesi, Luc Tuymans, Léon Wuidar.

Catharinahuis

Le projet Catharinahuis s’inscrit dans une vaste opération de revitalisation du centre d’Eindhoven dont le plan d’aménagement est conçu par l’architecte maastrichtois Jo Coenen. Pour assurer le lien entre différents pôles du quartier comme la Heuvelgalerie ou le Smalle Haven, Jo Coenen développe un nouvel espace de convivialité en face de l’église Saint-Catherine et mise sur une reconfiguration de l’espace public conjuguée à la construction d’un nouveau bâtiment face à l’église. Celui-ci doit participer à la redynamisation du centre-ville en conjuguant logements et commerces. Vandenhove, dont la réputation n’est plus à faire aux Pays-Bas, obtient la commande du bâtiment que le promoteur immobilier qualifie en quelques mots-clés : robuste, de qualité et intemporel. La construction doit également s’insérer dans son environnement immédiat tout en assurant le lien entre l’église et la Heuvelgalerie. Si le premier projet est remanié, Vandenhove propose une construction qui se développe en longueur sur quatre étages. Le rez-de-chaussée et le premier niveau sont réservés aux espaces commerciaux et à l’Horeca tandis que les trois étages supérieurs sont destinés à accueillir 54 appartements. Le registre proposé ici par Vandenhove repose simplement sur un jeu subtil des volumes. Un grand parallélépipède se développe le long de la Catharinaplein tandis qu’à l’arrière, deux silos signalent la présence des escaliers de secours et de la cage d’ascenseur. Ces deux volumes, discrets mais parfaitement indentifiables, rappellent un geste similaire posé dans le centre de transfusion sanguine de Liège, réalisé quarante ans plus tôt. Vandenhove joue également sur la qualité des espaces et des cheminements. Le bâtiment est précédé d’une galerie couverte qui assure une promenade piétonne à l’abri des intempéries tandis qu’au premier étage une longue loggia vitrée permet aux clients de la galerie une vue sur la place publique. Parée d’éléments en béton rouge, la façade se démarque dans l’espace urbain et se distingue par ses garde-corps proposant un dessin de Jean-Pierre Pincemin sablé dans le verre.

Musée Aan de Stroom

À la fin de l’année 1989, l’association Stad aan de Stroom et la Ville d’Anvers lancent un concours international en vue d’ériger un grand musée non loin des berges de l’Escaut entre les Bonapartedok et Willemdok. Le projet situé dans le secteur d’Eilandje – une quartier qui se caractérise par ses bassins et son riche patrimoine industriel (dont une partie est démolie, non sans controverses) – a pour objectif de redynamiser un vaste espace situé à l’interstice de la ville et de son port.

Fidèle à une approche respectueuse du Genius loci, Vandenhove propose un projet qui s’inscrit dans la lignée des bâtiments industriels disparus. Une vaste halle se développe à l’horizontale sur trois niveaux. Le sous-sol abrite des espaces de médiation, un centre de documentation ainsi qu’un centre de congrès. Le rez-de-chaussée est réservé aux espaces d’expositions temporaires ainsi qu’aux services destinés aux visiteurs (accueil, sanitaires, bookshop…). Les collections permanentes illustrant l’histoire de la ville d’Anvers sont quant à elles présentées au premier niveau ainsi que dans une tour de six étages qui fait office de signal dans l’espace urbain. Pour le traitement des façades, Vandenhove joue sur une combinaison de verre et de béton. Le bâtiment horizontal privilégie le béton avec des incrustations de lignes en marbre blanc. La lumière naturelle entre par quelques ouvertures en façade mais surtout grâce à la couverture composée d’éléments cintrés alternant parties vitrées et parties aveugles rappelant les salles d’audience du Palais de justice de Bois-le-Duc aux Pays-Bas. Portées par des colonnes en béton au dessin caractéristique de Vandenhove, les toitures sont composées de coques de béton recouvertes de zinc à l’extérieur. La tour se distingue par de grandes baies vitrées qui dévoilent les cages d’escalier et offrent une promenade spectaculaire aux visiteurs gravissant les étages. Au centre de la tour, un cœur fermé en béton abrite les espaces d’exposition permanente. Le concours qui aura réuni six concurrents est finalement remporté par l’agence néerlandaise Neutelings-Riedijck Architecten et le musée est inauguré en mai 2011.

Maison rue Bonne Fortune

Alors qu’il est en train de finaliser le chantier de la maison Esther, Vandenhove porte son énergie sur un projet prestigieux, la transformation de l’hôtel de Woot de Tinlot construit au XVIIIe siècle et situé rue Bonne-Fortune. Situé à l’ombre de la cathédrale, le bâtiment a connu de multiples affectations et a fait l’objet d’une importante transformation à la fin des années 1980 portée par l’agence d’architecture Audex. Ainsi, lorsque Vandenhove est chargé de reprendre le projet, il décide de repartir d’une page blanche. Après avoir supprimé les interventions les plus récentes, l’architecte s’attaque à réhabiliter ce qui avait été une école professionnelle en une élégante habitation particulière. Au niveau de l’aile tournée vers la rue Bonne Fortune, Vandenhove conserve le porche d’entrée qui fait office de séparation entre le logement du concierge et les espaces réservés au commanditaire. Au rez-de-chaussée, les cloisons sont progressivement détruites pour libérer les espaces de réception qui se succèdent sur un plan en L. De l’autre côté du jardin agrémenté d’une terrasse et d’un bassin, une orangerie en verre sur structure en acier inoxydable avec châssis en bois n’est pas sans rappeler, à petite échelle, la galerie du Palais de justice de s’Hertogenbosch. Les étages, desservis par un escalier hélicoïdal, proposent un plan similaire mais sont dédiés aux espaces privés ainsi qu’à une grande salle de gymnastique réservée au maître d’ouvrage, féru de sport.

Le projet de Bonne Fortune se distingue à plusieurs égards dans l’œuvre de Vandenhove. La richesse des matériaux et la qualité de leur mise en œuvre dépasse largement ce que l’architecte avait pu réaliser jusqu’alors dans une maison particulière. La pierre de Vinalmont, le marbre de Carrare et le chêne massif dialoguent en toute harmonie non sans une pointe de démonstration. La collaboration d’artistes atteint également ici un niveau supérieur puisque ce sont près d’une dizaine de plasticiens qui interviennent tant dans les espaces intérieurs que dans la cour. Citons notamment Daniel Buren, Jean-Pierre Pincemin, …

Artistes invités : Charlotte Beaudry, Daniel Buren, Patrick Corillon, Sol LeWitt, Jean-Pierre Pincemin, Sophie Ristelhueber.

 

 

CPAS de Laeken

Le projet du CPAS de Laeken s’inscrit dans un contexte de revitalisation urbaine d’un quartier populaire de Bruxelles. Le terrain situé entre le chemin de fer et la rue Stéphanie accueille un bâtiment au programme associant bureaux et services avec onze logements. Logiquement, les espaces ouverts au public et les bureaux du CPAS sont organisés respectivement au rez-de-chaussée et au premier étage. Véritable lieu de rencontre au service de la population, le rez-de-chaussée rassemble une école des devoirs, une salle d’étude avec bibliothèque et un restaurant social. La disposition des espaces est logique et sans détours. L’entrée principale située rue Stéphanie ouvre sur un hall qui distribue les circulations entre les différents services du rez-de-chaussée installés dans deux volumes dont le plan rappelle celui d’une abside ainsi que vers un couloir qui conduit aux circulations verticales. Les quatre étages de logements proposent des appartements de tailles variées (d’une à trois chambres), la volonté du CPAS étant d’offrir des appartements destinés aux familles nombreuses. Rare dans le logement public, l’intervention de l’architecte concerne non seulement la commande purement architecturale mais également l’équipement, Vandenhove étant notamment chargé de dessiner les cuisines. Autre élément qui renforce la valeur qualitative du projet, une terrasse en bois court au dernier étage en retrait et offre aux appartements un bel accès vers l’extérieur. Le traitement des façades révèle lui aussi quelques singularités et le bâtiment propose deux visages. Vers la rue Stéphanie, la façade s’inscrit sans conteste, avec calme et modestie, sans rupture d’alignement ni de gabarit. Par contre, à l’arrière, le bâtiment se veut plus démonstratif en soutenant un jeu de volumes dominé notamment par les deux silos abritant les circulations verticales et rappelant peut-être le projet de jeunesse du Centre de transfusion sanguine. Pour l’ensemble, Vandenhove associe petit granit, brique sombre et bois. La façade est également le lieu de revendication des idéaux défendus par le CPAS. Des extraits de la Déclaration universelle des droits de l’homme apparaissent dans les garde-corps sablés. Outre les textes, cette ambition de porter la vocation humaniste de l’architecture se marque encore par les interventions de Léon Wuidar qui dessine différents motifs abstraits sur les lambris du restaurant social.

Ferme de Villers-la-Ville

En 1998, dans le cadre d’un projet de développement de l’ensemble du site de l’abbaye Villers-la-Ville, la Région wallonne organise un concours européen pour la restauration et la réaffectation de la ferme de l’abbaye, un bâtiment classé dont les origines remontent au XVIe siècle. Le programme combine des bureaux, des garages, des locaux pour la conservation des archives mais également des espaces ouverts au public comme des locaux d’animation, des espaces de détente, de restauration et d’hébergement pour groupes. Un logement de fonction pour une famille est également prévu. La première phase du concours se termine par la désignation de neuf candidats issus des quatre coins de l’Europe mais également de Belgique parmi lesquels l’Atelier de l’Arbre d’Or, Daniel Dethier et Charles Vandenhove. La proposition de Charles Vandenhove est assez simple et se veut très légère dans l’intervention sur le bâti historique. Logiquement, il dispose l’ensemble des espaces ouverts au public (salle d’exposition, restaurant, locaux d’animation…) au rez-de-chaussée. Le premier étage est réservé à des bureaux et quelques logements tandis que le dernier niveau est entièrement réservé aux espaces de nuit. Les façades, sont quant à elles restaurées et ne reçoivent pas d’interventions majeures à l’exception des façades intérieures repeintes en blanc et quelques reconstructions lorsque l’état le nécessite. Les baies existantes sont maintenues mais quelques nouvelles ouvertures, discrètes, sont prévues notamment dans la toiture avec quelques lucarnes à l’écriture contemporaine. L’intervention la plus spectaculaire se situe peut-être dans la cour intérieure où Vandenhove fait appel à Jean-Pierre Pincemin. L’artiste reprend le principe de la polychromie de la pierre telle que mis en œuvre dans le projet Staarzaal pour créer une composition évoquant le dessin de jardins à la française.

Maison Esther

Si Charles Vandenhove est surtout occupé aux Pays-Bas dans les années 1980-1990, certains projets lui permettent de revenir ponctuellement « au pays ». La commande d’une habitation unifamiliale sur le quai Sainte-Barbe, à deux pas du Balloir, constitue d’abord une rupture dans cet environnement de bord de Meuse qui voit la mainmise des promoteurs immobiliers visant la rentabilité avec la construction d’immeubles à appartements tout au long des quais. En cette fin des années 1990, le projet de la maison Esther témoigne d’une nouvelle vision des quais de Meuse où dimension humaine et mobilité douce tendent à être remis à l’honneur. Commandée par un avocat, la maison est construite à l’emplacement de deux garages sur une parcelle de près de 7 mètres de largeur qui impose une disposition des espaces à la verticale sur 5 étages. Vandenhove propose une séparation des espaces privés et professionnels assez simple : les bureaux et le secrétariat sont situés du rez-de-chaussée au deuxième étage, la grande chambre à coucher au 3ème et la cuisine et le séjour aux deux derniers niveaux. Largement ouverte sur la Meuse, la maison profite de balcons cintrés et d’une grande terrasse au 5ème étage. La circulation verticale est assurée par un ascenseur ainsi que par un escalier hélicoïdal illuminé par une élévation en briques de verre. Dominée par de généreuses baies cintrées et vitrées, la façade à rue s’appuie sur une écriture d’une grande clarté où les matérialités du béton, du verre et du bois dialoguent avec harmonie.

Le projet de la maison Esther occupe une place importante dans la production de Vandenhove et annonce par toute une série d’éléments fondamentaux ou de détails des réalisations ultérieures comme la Maison Céramique à Maastricht ou les Terrasses de Saint-Gilles à Liège.

Getsewoud

Getsewoud est un important projet de lotissement situé à l’ouest de Nieuw-Vennep, une ville située entre Amsterdam et La Haye. Le projet prévoit au total 5800 logements confiés à plusieurs agences d’architecture principalement néerlandaises qui développent différentes écritures architecturales allant du vernaculaire au moderne affirmé. Le projet de Vandenhove joue sur les typologies et associe villas individuelles et immeubles à appartements. Dominant l’ensemble, une succession de 54 habitations unifamiliales mitoyennes se développe en U autour d’un espace de verdure bordant un plan d’eau. Les maisons sont dominées, dans l’axe du projet, par un immeuble à appartements de cinq étages. Le principe de cheminement entre espace public et place intérieure caractéristique du travail de Vandenhove se retrouve ici aussi avec passage couvert (arvô) aménagé dans l’immeuble. À première vue et extérieurement, les logements semblent peu qualitatifs. Les façades à rue, assez banales, semblent annoncer des logements assez communs sans réelle intention architecturale. Mais c’est en façade arrière que le projet révèle ses qualités. Orientés sud-ouest, les pièces arrières sont ouvertes vers l’extérieur grâce à de généreuses ouvertures et une terrasse qui prolonge le premier étage. Celle-ci s’appuie sur une colonnade qui offre un espace extérieur couvert au rez-de-chaussée. C’est là aussi que quelques traits distinctifs de l’écriture de Vandenhove se révèlent comme les colonnes en béton architectonique qui scandent les baies du rez-de-chaussée et du premier étage. À l’extérieur du complexe, Vandenhove pose deux signaux dans le paysage. Une tour de plan octogonal abrite un logement…sur quatre étages tandis qu’au carrefour des cheminements piétons, une composition de Vandenhove rappelant le Middelheim prend place sur un sol en pierres gravées d’un texte de Patrick Corillon. Si l’essentiel des logements s’articule autour d’un grand pré carré, Vandenhove est également appelé à concevoir neuf villas en bordure du plan d’eau. Bien que le projet présente une variété typologique, Vandenhove développe une écriture d’une grande cohérence privilégiant une brique rouge vif et des toitures arrondies en zinc.

Université de Groningen

En 1995, l’Université de Groningen, grande ville située à l’extrême nord des Pays-Bas, fait appel à Vandenhove pour l’extension de sa faculté de Sciences sociales. Le programme est très simple et combine des classes de cours et des bureaux. Le bâtiment doit prendre place dans le parc botanique Hortustuin sur une parcelle d’angle formée par deux rues aux ambiances différentes. La Grote Kruisstraat est dominée par des équipements publics et notamment un immeuble de quatre étages de style moderniste tandis que la Nieuwe Kijk in Het Jatstraat, plus résidentielle, est occupée par de petites maisons mitoyennes. Vandenhove va donc concevoir son projet afin de s’intégrer au mieux dans le contexte. Vers la rue résidentielle, deux bâtiments d’un étage sont reliés par un volume entièrement vitré qui révèle un saule pleureur séculaire, pièce maitresse du patrimoine naturel de l’Hortustuin. Sur la Grote Kruisstraat, l’architecte rattrape progressivement le gabarit du bâtiment moderniste existant avec deux volumes comptant respectivement deux et quatre étages, le tout relié au bâtiment voisin par une travée entièrement vitrée qui abrite la cage d’escalier. L’écriture formelle, caractéristique du travail de Vandenhove combine brique rouge, corniche en béton architectonique et toiture voutée en zinc. Elle est augmentée d’une intervention de Jean-Pierre Pincemin représentant des motifs végétaux selon la technique du sablage sur verre.

Wolvenschans

La construction des logements du Wolvenschans à Leek dans la province de Groningue est le fruit d’un concours que remporte Vandenhove avec le premier prix en 1992. Le projet fait partie du programme d’extension au sud-ouest de la petite bourgade de Leek qui comprend, outre la construction de 500 logements, une réflexion globale portée par un plan d’aménagement. Celui-ci, réalisé par l’agence hollandaise Noordpeil, s’inspire des plans paysagers traditionnels que l’on peut trouver dans la région de Groningue tout en entrant en résonnance avec cette pensée vandenhovienne faite de rigueur et de symétrie. L’eau occupe une place centrale autour de laquelle prennent place les différentes unités de logement. Afin d’éviter toute monotonie, Vandenhove joue avec les typologies en s’inspirant du modèle de la cité-jardin. De part et d’autre du plan d’eau, dix maisons, en retrait de voirie, abritent chacune deux habitations unifamiliales de deux étages. Au rez-de-chaussée, un bow-window prolonge le séjour vers l’extérieur. Plus loin, quatre ensembles de maisons mitoyennes sont disposés de manière symétrique et créent une perspective sur le Waterborg, un ensemble de cinq immeubles à appartements accolés et posés au milieu d’un plan d’eau. Sur cinq étages, le complexe, dont l’allure rappelle celle d’un château entouré de douves – le promoteur Leyten rappelle d’ailleurs qu’il s’agit du premier « nouveau château » des Pays-Bas – abrite des appartements haut de gamme chacun équipés de généreuses terrasses. Malgré cette variété de typologie et de gabarits, Vandenhove unifie l’ensemble avec une écriture sobre et inscrite dans la tradition locale et où les toitures à double versant sont généreusement développées. Dans cet ensemble dominé par la brique et la tuile rouge, les éléments en béton architectonique qui composent les corniches et couronnent les cheminées apportent une impression d’homogénéité à l’ensemble.