Créahm

Institution de premier plan dans le paysage culturel liégeois, le Créahm (Créativité et handicap mental) soutient et héberge toutes les formes d’art produites par les personnes handicapées. Fondée en 1979, l’institution est installée dans des installations anciennes situées sur le quai Saint-Léonard, des bâtiments qui, avec leurs différences de niveaux typiques des maisons du XIXe, répondent très mal aux besoins des usagers. En 2013, Charles Vandenhove et Prudent De Wispelaere sont appelés pour réaliser le nouveau bâtiment à construire dans le pôle culturel de Vivegnis (composé notamment de l’E2N et des RAVI) situé non loin des anciens locaux. La parcelle est généreuse et autorise une construction en retrait de voirie. Le nouvel édifice se développe sur deux plateaux successifs. Le rez-de-chaussée abrite principalement les locaux de création à savoir trois ateliers (gravure, peinture, sculpture), une grande salle de spectacle d’une capacité de 94 places assises mais également une cuisine et un réfectoire. L’étage rassemble une salle multimédia, une salle de réunion et des bureaux. Dominée par la brique, la construction s’inscrit dans la foulée des Terrasses de Saint-Gilles en référant plus explicitement encore au travail de Louis Kahn et en particulier à la First Unitarian Church à Rochester. Dans cette ultime aventure architecturale (Charles Vandenhove décède peu avant l’inauguration du projet), les auteurs de projet s’inscrivent dans l’héritage historique qui a fait la fortune du bureau et le recours à un plasticien s’impose naturellement. Michel Petiniot, collaborateur du Creahm depuis 1989, est l’auteur des motifs imprimés sur les lambris et les vitrages au rez-de-chaussée.

Pavillon Vandenhove

Le projet d’un pavillon pour l’Université de Gand est un aboutissement pour Charles Vandenhove. Il témoigne d’abord des liens historiques qu’entretient l’architecte avec la grande « école » des historiens de l’architecture qui fait la réputation de l’université flamande. Depuis le début de sa carrière, l’architecte a régulièrement sollicité le regard de critiques comme Geert Bekaert, Francis Strauven ou encore Bart Verschaffel, tous professeurs au sein de l’UGent. Le pavillon est ensuite la concrétisation de cette volonté d’offrir aux étudiants et chercheurs mais également au public cette collection exceptionnelle d’art contemporain qu’il a accumulée tout au long de sa vie. Léguée en 2012, la collection est mise à disposition de la STAK (Studiecentrum Architectuur & Kunst) créée pour l’occasion. La construction du bâtiment prise en charge par l’agence d’architecture Vandenhove & Associés prend place sur un emplacement stratégique, à proximité immédiate de la Boekentoren (arch. Henry van de Velde), dans le quartier universitaire. Le pavillon se développe sur deux étages au-dessus du rez-de-chaussée accueillant un auditorium de 120 places et un espace d’accueil. Le premier étage abrite une vaste salle d’étude et de travail pour les chercheurs et les étudiants tandis que le dernier niveau est réservé aux expositions. Zénithal, l’éclairage naturel est contrôlé par un système de pare-soleils avec stores mobiles extérieurs qui respectent les collections exposées. Dominées par le béton et le petit granit, les façades sont d’une grande honnêteté réservant les ouvertures aux espaces d’accueil, de réception et d’étude. Poursuivant la tradition d’associer son travail avec celui des artistes, Charles Vandenhove entreprend, peu avant son décès, de confier les murs de l’auditorium à Koen Van Den Broeck qui y exécutera en 2023 une composition murale inspirée du travail de Matisse dans la chapelle du Rosaire à Vence.

Les Sans Logis

Fondée dans les années 1950, l’asbl Sans Logis a pour vocation d’offrir un logement d’urgence aux sans-abris. L’institution propose deux maisons d’accueil, l’une réservée aux femmes et enfants, l’autre aux hommes. La construction de cette dernière remplace des infrastructures vieillissantes et énergivores situées sur les hauteurs de Liège et démolies pour laisser place à un bâtiment flambant neuf. Financé par du mécénat, l’immeuble se développe à front de voirie sur la rue Saint-Laurent et est accessible par deux entrées principales. La première réservée aux résidents, la seconde, carrossable, dédiée aux services. L’organisation des espaces est très simple et concentre les espaces communautaires et administratifs au rez-de-chaussée. La conception des locaux destinés aux résidents répond parfaitement à cette nécessité d’offrir un échappatoire aux douleurs de la rue. À l’arrière, une salle à manger, une salle de jeux, un espace pour les éducateurs et un séjour se déploient en éventail et s’ouvrent sur la quiétude d’un jardin gazonné. Le premier étage se compose de chambres familiales et collectives tandis que le second étage met à disposition plusieurs chambres individuelles réservées aux hommes. Chaque logement bénéficie d’une terrasse qui peut être fermée par un volet en bois coulissant de haut en bas. L’ensemble du bâtiment peut accueillir 64 lits. Le soin apporté aux espaces intérieurs se marque notamment par l’intervention de l’artiste Jacques Charlier qui s’exprime sur les lambris du rez-de-chaussée avec la représentation des douze signes du zodiaque. D’une grande sobriété, les façades conjuguent béton architectonique et bois sous une toiture plate.

Les Terrasses de Saint-Gilles

Avec le projet des Terrasses de Saint-Gilles, Vandenhove est (presque) en train de boucler la boucle… Situé à deux pas de sa maison, les « Terrasses de Saint-Gilles » forment le dernier ensemble résidentiel construit par l’architecte pour un promoteur privé. L’architecte observait depuis quelques années l’évolution de ce vaste terrain d’abord occupé par une habitation unifamiliale reconvertie ensuite en espace d’accueil pour personnes handicapées. Laissé à l’abandon, le terrain qui s’étire en longueur sur le sommet de la colline, est racheté en 2009 par Vandenhove qui s’engage dans une opération immobilière avec la collaboration du Groupe Eiffage. Avec son équipe, il imagine trois blocs comptant 35 appartements au-dessus d’une dalle en béton qui abrite un parking. Une galerie couverte, située à l’arrière, distribue les accès aux logements. L’architecte propose différents types d’appartements qui s’articulent tous autour des cages d’ascenseur et d’escalier : au rez-de-chaussée et au premier étage, des appartements d’une à trois chambres ; aux 2ème et 3ème étages, des appartements de trois chambres et aux deux derniers étages, de grands appartements de quatre chambres. Logiquement, les locaux de nuit sont disposés à l’arrière et au nord afin de réserver les espaces de jour (salon et salle à manger) vers le sud. Tous les logements sont pourvus de belles terrasses qui permettent de jouir d’une vue imprenable sur la vallée et la ville. Si le projet est marqué par une intention de promotion immobilière, il s’exprime toutefois en rupture avec les immeubles Amelinckx voisins. Les Terrasses de Saint-Gilles offrent deux visages. Vers le sud, les façades se développent en retraits successifs et misent sur la brique, le béton architectonique, le verre et le bois, non sans rappeler quelques traits de l’immeuble Céramique construit à Maastricht peu avant. Les murs de refend en maçonnerie coiffés de béton architectonique qui rythment la façade rappellent par ailleurs des œuvres de jeunesse comme son habitation personnelle construite en 1963. Mais, au crépuscule de sa carrière, Vandenhove ne prend pas le chemin de l’autosatisfaction. Au contraire, la façade qu’il dessine au nord recourt à de nouvelles références. C’est principalement là, mais également à l’intérieur de la galerie couverte, qu’une composition originale jaillit et affirme la brique dans des massifs d’une expression presque kahnienne. Ainsi, à l’âge de 87 ans, Vandenhove démontre qu’il reste capable de se réinventer !

Alverna

C’est à la suite d’un concours international que Charles Vandenhove s’engage dans ce programme de logements situé dans un village « huppé » au sud d’Haarlem. Le projet prévoit la construction de trois immeubles à appartements et la transformation d’un bâtiment historique abritant une congrégation de sœurs franciscaines. Ces dernières connaissent une baisse progressive de leur population et entendent tirer profit des terrains qu’elles possèdent aux alentours. L’opération immobilière destinée à une clientèle aisée « de plus de 55 ans » doit compter 80 appartements dans les nouveaux bâtiments et 10 appartements dans l’édifice historique que les sœurs ont l’intention de quitter pour s’installer dans l’une des nouvelles constructions. Bénéficiant d’un terrain vierge et sans contraintes particulières, Vandenhove dispose les nouveaux immeubles de part et d’autre de l’ancien bâtiment et autour d’un plan d’eau. Édifiés chacun au-dessus d’un parking souterrain, les constructions se développent sur trois étages. Chaque niveau compte six appartements de deux chambres distribués autour des espaces de circulation. Ces derniers conjuguent la cage d’escalier et celle de l’ascenseur exprimée dans un silo en briques de verre, un petit geste architectural qui témoigne déjà du standing des logements. Privilégiant l’usage de la brique, Vandenhove propose des façades ponctuées de loggias qui garantissent de beaux accès extérieurs aux habitants. L’écriture formelle mise sur des massifs de maçonnerie percés de baies cintrées, une écriture qui annonce le projet des Terrasses de Saint-Gilles lancé deux ans plus tard.

Salle VIP du Standard

Ce projet relève de la micro-chirurgie… Comment concevoir un espace qualitatif dans un complexe d’une grande pauvreté architecturale… Le stade Maurice-Dufrasne est le fruit d’une succession d’agrandissements-transformations dont les dernières étapes majeures interviennent dans le cadre de la modernisation des infrastructures sportives pour l’Euro 2000. Outre le point de vue sportif – le Standard est champion de Belgique en 2008 et 2009 – les années 2000 sont une période faste pour le club de football qui voit le nombre d’abonnés augmenter. La perspective de participer aux coupes d’Europe renforce la volonté des dirigeants du club d’offrir des espaces privilégiés et de faire du stade non seulement un lieu de spectacle sportif mais également un lieu de rencontre pour le tissu économique régional. Un des dirigeants du club entretient des contacts historiques avec Vandenhove et c’est donc tout naturellement qu’il se tourne vers l’architecte liégeois pour réaliser des salons V.I.P. S’accrochant à l’arrière de la tribune I et tourné vers le terrain d’entrainement, le salon s’inscrit dans le prolongement de la brasserie V.I.P. au premier étage. Le nouveau volume entièrement vitré se déploie sur un niveau qui se termine par une grande terrasse avec garde-corps en verre. La construction accueille le salon avec un comptoir et plusieurs tables. Dans cet environnement assez calme et en retrait du tumulte du stade, le bois domine dans les différents aménagements (comptoir, armoires murales, cloisons…) tandis qu’une intervention peinte de Jacques Charlier représente une succession de ballons de football. Ce niveau offre une vue généreuse vers le terrain d’entrainement à travers des baies cintrées qui se succèdent en absides et qui reçoivent, en partie inférieure, des interventions abstraites de Jean-Pierre Pincemin inscrites dans le verre sablé.

Maison Céramique

L’immeuble à appartements « Céramique » à Maastricht apparait comme le dernier projet d’envergure de Charles Vandenhove aux Pays-Bas. La revitalisation du quartier, autrefois dominé par les usines Céramique, est lancé dès la fin des années 1980 sous l’autorité de Jo Coenen chargé de la conception du plan directeur. L’enjeu de la qualité architecturale est mis à l’honneur dès le départ et voit la contribution de plusieurs figures internationales parmi lesquelles Mario Botta, Aldo Rossi, Alvaro Siza, Luigi Snozzi ou Bob Van Reeth. Les Liégeois Bruno Albert et Charles Vandenhove tout comme le bureau Greisch participent également. Vandenhove est chargé de réaliser un immeuble à appartements face au Bonnefantenmuseum et à quelques pas du Centre Céramique. L’architecte dessine l’immeuble au-dessus d’un sous-sol réservé à des emplacements de parking et des espaces de stockage réservés aux habitants, le rez-de-chaussée étant dédié aux surfaces commerciales. Les étages supérieurs sont quant à eux composés d’appartements dont certains proposent jusqu’à trois chambres et une surface de près de 140 m2. Le confort des habitants est à nouveau un enjeu majeur et tous les logements sont notamment équipés de grandes terrasses prolongeant les chambres ainsi que le salon. La lumière naturelle est également un élément central. La formule des grandes baies cintrées utilisée précédemment dans la maison Esther se retrouve ici tout comme les volets en afzelia qui permettent de protéger les chambres de la lumière. La circulation verticale est assurée par une double cage d’ascenseur entièrement vitrée et un escalier de secours pour lequel, étonnamment, Vandenhove délaisse la solution hélicoïdale pour une approche apparemment plus simple mais techniquement audacieuse. Dans un environnement marqué par une architecture contemporaine, le Liégeois choisit de privilégier des matériaux « modernes » comme le béton préfabriqué et l’acier galvanisé. Ce qui est désormais un trait du travail de Vandenhove, des plasticiens sont invités à collaborer au projet. Outre l’intervention non réalisée de Daniel Buren, la composition en néons de Claude Lévêque vient se poser « délicatement » sur les murs cylindriques en béton entourant les circulations verticales et sur la structure métallique des ascenseurs vitrés.

Sohan

Au début des années 2000, Charles Vandenhove quitte progressivement les Pays-Bas pour recentrer ses activités en Belgique. Le projet de Sohan témoigne toutefois encore de la réputation dont bénéficie l’architecte Outre-Moerdijck. Mais cette fois, ce n’est plus le Liégeois qui va aux Pays-Bas mais les Pays-Bas qui viennent à Liège… Originaire d’Eindhoven, le promoteur immobilier Straet Holding voit dans la région de Pepinster l’opportunité de créer un village dédié à une clientèle « aisée » en recherche d’une seconde résidence. Acquis en 2001, les terrains se répartissent entre l’ancien château de Sohan et le site dit du « Bois des Nids d’Aguesses », une belle zone naturelle au sud-est de Pepinster. Vandenhove propose un projet s’articulant autour de deux axes. Dans le « Bois des Nids d’Aguesses », il concentre le programme de logement avec 82 maisons mitoyennes, 9 maisons isolées et un immeuble de 18 appartements. Marqué par le plan d’implantation de Fredensborg conçu par Utzon, Vandenhove conçoit le « village » sur un terrain en pente où toutes les habitations se tournent vers le sud. Articulées autour d’une voirie principale, les maisons sont modestes. Elles se composent d’un étage et proposent de deux à quatre chambres selon les types. Chacune dispose d’un petit jardin. Dans cette architecture où la brique est magnifiée, Vandenhove conjugue briques foncées et bois clair non traité dans des habitations à couverture mono-versant. Non loin de là, le site du château porte une vocation davantage touristique. L’orangerie, dernier témoin du château de Sohan détruit à la fin de la deuxième Guerre Mondiale, doit être restaurée et une infrastructure hôtelière est projetée. Une piscine et un fitness complètent les équipements. Le projet peut-être trop ambitieux – dans la presse, Vandenhove parlait « d’un plan Marshall pour Pepinster – ne verra pas le jour, principalement en raison de l’opposition d’une partie de la population.

Weteringschans

Situé dans le centre d’Amsterdam, à deux pas du Rijksmuseum et juste à côté de la mythique salle de concerts Paradisio, le projet prend place sur une généreuse parcelle entre deux canaux. L’environnement immédiat se caractérise par des édifices historiques dont le gabarit ne dépasse pas quatre à cinq étages. Vandenhove se soumet au contexte et profite des dégagements entre les immeubles voisins pour dessiner un bâtiment dont les quatre façades sont largement ouvertes vers l’extérieur, certaines offrant d’ailleurs de belles perspectives sur le paysage urbain. Le plan est logique et efficace. Au-dessus d’un parking souterrain, les plateaux, identiques, se succèdent sur quatre étages. À chaque niveau, les bureaux sont distribués de part et d’autre d’un couloir central tandis que les circulations verticales (escalier et ascenseur) sont reportées à l’arrière dans deux volumes cylindriques où l’on retrouve l’incontournable escalier hélicoïdal vandenhovien. L’architecte reprend plusieurs formules qu’il a pu expérimenter dans divers projets antérieurs. Le parement en béton préfabriqué de couleur rouge – qui fait écho à la brique de plusieurs bâtiments voisins – rappelle la solution mise en place quelques années auparavant au Balloir. Les balcons qui prolongent les bureaux, tout comme les vitrages arrondis et les volets en bronze s’inscrivent quant à eux dans la lignée des projets Esther à Liège ou Céramique à Maastricht.

Rénovation de l’ancien hôtel de ville de Ridderkerk

C’est à la clôture du chantier de construction du nouvel hôtel de ville de Ridderkerk que Charles Vandenhove est chargé de rénover les anciennes installations de l’autorité communale en vue d’y maintenir des bureaux. Le bâtiment de quatre étages, au langage moderniste caractéristique de la fin des années 1970, est dominé par la brique, le béton et le verre. Le travail de Vandenhove se concentre d’abord sur l’extérieur. Au départ du troisième étage, une passerelle entièrement vitrée relie les anciennes installations au nouvel hôtel de ville. Au rez-de-chaussée, contigu à l’ancien bâtiment, un petit édifice de deux étages et de neuf travées est construit et constitue un nouvel accès vers les espaces administratifs. Vandenhove signale la construction en jouant sur les contrastes et en privilégiant des façades préfabriquées en béton dans lesquelles les baies proposent des vitrages de forme légèrement courbée. Bien que l’intervention reste peu spectaculaire, elle est, comme dans le nouvel hôtel de ville, chargée de sens. L’ancien carillon, repère symbolique et historique, est maintenu et enveloppé par une structure ajourée en afzelia au sommet de la tour hexagonale qui abrite l’escalier de secours.