De Liefde

  • Date 1989-1992
  • Adresse Bilderdijkstraat, Da Costakade – 1053 XD Amsterdam (Pays-Bas)

Dorénavant bien implanté aux Pays-Bas, l’agence d’architecture de Charles Vandenhove multiplie les commandes Outre-Moerdijck. En 1992, le projet d’un ambitieux complexe de logements sociaux s’inscrit dans un vaste programme de revitalisation du quartier Da Costa à Amsterdam mis en place dès 1985. Le projet confié à Vandenhove s’inscrit au cœur d’un îlot densément peuplé, sur une parcelle joignant la Bilderdijkstraat et le quai Da Costa à l’emplacement d’une école et de l’ancienne église « De Liefde » qui donne son nom au projet. La forme trapézoïdale du terrain impose des contraintes que Vandenhove dépasse en proposant, sur une grande dalle sous laquelle prennent place 51 emplacements de parking, deux corps de bâtiments alignés vers la voirie. En intérieur d’îlot, deux ailes font le lien avec les bâtiments principaux et forment un espace public intérieur. Cette cour intérieure au centre de laquelle prend place une fontaine entourée d’un « tholos » dessinée par Vandenhove est accessible par deux porches couverts qui voient l’intervention de Daniel Buren sur les murs des passages.

La logique de construction à grande échelle conduit l’architecte et le maître d’ouvrage à proposer une approche rationnelle du logement. Le plan est quasiment identique pour l’ensemble des 101 appartements où les espaces diurnes et nocturnes sont séparés par les espaces de circulation. La standardisation n’est toutefois pas synonyme d’appauvrissement et Vandenhove parvient à proposer des logements qualitatifs en réservant notamment une terrasse pour chaque logement. L’écriture formelle qu’adopte l’architecte s’inscrit dans un langage qui a fait ses preuves. Le registre historicisant, sans être ostentatoire, se fond dans le contexte. Certes, plusieurs éléments en béton architectonique témoignent de clins d’œil formels caractéristiques du travail du Liégeois comme les colonnes qui cadrent les portails principaux, les linteaux proéminents ou la puissante corniche qui dialogue avec la longue frise composée de motifs carrés. Des éléments qui pourraient sembler hors contexte si l’architecte n’avait pas pris soin de développer un langage général parfaitement inscrit dans son environnement. Tant le gabarit que le matériau dominant, la brique, réfèrent aux usages locaux. Pour s’inscrire dans le genius loci, Vandenhove va même jusqu’à réinterpréter les lucarnes qui rythment les façades du quartier. Quant à l’horloge qui couronne les façades à rue, elle souligne la vocation publique du bâtiment non sans rappeler, avec distance, certaines infrastructures publiques de l’École d’Amsterdam dans l’Entre-deux-guerres.

Si le logement occupe la part essentielle du projet, Vandenhove propose au maître d’ouvrage de réaliser une chapelle tournée vers le quai Da Costa à l’extrémité du complexe et convertie aujourd’hui en logement. Reprenant le dallage de l’ancienne église, elle propose un espace rectangulaire entièrement peint en blanc dans une écriture dont la retenue est imposée naturellement par le programme. La chapelle voit également l’intervention du plasticien américain Robert Barry à travers des mots placés çà et là sur les murs.

Artistes invités : Robert Barry, Daniel Buren, Charles Vandenhove.

  • Description du fonds

    Dossier contenant articles de presse, correspondance, études, dessins d’exécution, dessins de détail, cahiers des charges ainsi que de nombreux tirages, négatifs et dias.

  • Volumétrie 17 boites d’archives (2 m)
  • Bibliographie

    BEKAERT, Geert, Charles Vandenhove 1985-1995, Rotterdam, NAI Uitgevers, 1994, p. 78, 80, 153-157.

  • Auteur et date de la notice Sébastien Charlier, 2022